Pour situer le contexte, j’ai actuellement 27 ans et j’ai passé mon bac il y a dix ans. A l’époque, et comme beaucoup, je n’avais aucune idée du métier que je voulais exercer. Enfin aucune… j’exagère ! Bien sûr, j’avais quelques idées mais j’avais le chic pour choisir les domaines sans débouchés ou peu valorisés (à tort !) comme la restauration d’œuvre d’art ou les langues étrangères. J’avais restreint le choix en m’orientant vers un bac Economique et Social puis je me suis orientée vers des études de droit pour me laisser le temps de choisir. Avec du recul, je suis très heureuse d’avoir fait ce choix. Mes études de droit ont été enrichissantes, tant pour la rigueur que pour la qualité rédactionnelle qu’elles exigent.
Spécialisée en droit du dommage corporel
En troisième année de licence, j’envisageais de me spécialiser en droit pénal. Pour cela, j’ai eu la chance de pouvoir compléter ma licence avec un Diplôme Universitaire de Criminologie et c’est à ce moment que je me suis davantage intéressée aux droits des victimes. Il n’était plus question de droit pénal pour moi mais de droit du dommage corporel, une spécialisation que j’ai obtenu lors de mon Master II.
Après cinq mois de stage, je suis officiellement devenue juriste spécialisée en droit du dommage corporel et j’ai rapidement intégré un cabinet de recours pour défendre les victimes. A mon sens, cette matière est l’une des plus humaines et les plus vivantes du droit, au sein de laquelle l’aspect social est prépondérant. J’ai pu travailler du côté assureur mais c’est surtout mon expérience du côté des victimes qui a été déterminante. Mon travail consistait à défendre les personnes victimes d’un accident corporel pour obtenir une indemnisation au titre des préjudices subis. Je me sentais utile, j’étais autonome, ma direction ainsi que les victimes me faisaient confiance. J’ai dû apprendre à maîtriser ma sensibilité et à mettre des limites car l’émotionnel peut vite prendre le dessus. Cette expérience m’a fait grandir, je ne regrette aucun de mes choix.
Mais la couture dans tout ça ?
La couture n’est pas apparue soudainement dans ma vie. Dès petite, j’ai régulièrement observé ma mère coudre, que ce soit sur sa machine à coudre ou à la main. Je me souviens en particulier des minuscules vêtements qu’elle adorait coudre pour mes poupées. Ma grand-mère maternelle est également très bonne couturière. Néanmoins, je n’ai appris la couture qu’à partir de 2016, à l’occasion de la naissance du bébé de ma cousine. Pour célébrer cet événement, j’ai eu envie de lui offrir un cadeau de naissance personnalisé : une couverture cousue et brodée, un petit coussin en forme de nuage et deux panières.
J’ai tellement apprécié ma couture que je n’ai plus lâché la machine à coudre. C’était la première fois que je ressentais cette impatience à l’idée de faire, d’apprendre, d’expérimenter. J’étais heureuse de créer de mes mains. J’ai commencé par coudre des petits accessoires puis des vêtements très simples.
A partir de 2017, je déménage dans un petit studio lyonnais pour mon stage. J’y resterai cinq ans. Le droit et la couture cohabitent dans ce petit espace durant toute cette période. Ma grand-mère me donne sa machine à coudre que j’installe sur la petite table de la kitchenette. Le moindre petit espace du studio est optimisé pour ranger mes tissus, mes outils de couture, ma mercerie, mes patrons de couture, etc… Pendant toutes ces années, j’ai continué à progresser dans ma couture mais surtout dans ma connaissance des textiles. L’alliance du travail manuel et la diversité des étoffes : voilà ce que j’aime dans la couture. J’étais tellement animée par la couture que je restais parfois des week-ends entiers dans mon petit studio uniquement pour coudre.
La couture comme activité professionnelle
Après quatre ans d’expérience professionnelle, je commence à m’interroger sur la baisse de motivation que je ressens en allant travailler. Je suis heureuse d’aider les autres mais il me manque quelque chose, la passion. Certains diraient que vivre de sa passion est un luxe que tout le monde ne peut se permettre. Pourtant, au cours de mes études et en tant que juriste ensuite, j’ai observé un grand nombre de personnes passionnées par le droit, totalement animées par ce qui est, pour eux, une vocation. Ce n’était pas mon cas. D’autres diraient que notre priorité est de travailler pour se rendre utile, contribuer au bon fonctionnement de la société. Je partage cette idée car l’utilité permet de trouver du sens à ce que nous faisons, point important pour moi. Mais dans mon cas, l’utilité prenait de plus en plus le pas sur la motivation.
J’ai donc décidé de prendre contact avec une coach spécialisée, Marie-Laure Dechamp (que je recommande vivement) pour m’aider à avancer dans mes interrogations. Les séances de coaching m’ont permis de mettre en lumière mon envie profonde d’exercer une activité manuelle et de transmettre. Et je ne pensais plus qu’à la couture. J’ai commencé à envisager de faire de la couture mon activité professionnelle et j’ai choisi l’entreprenariat pour allier la couture à un projet utile.
Cela fait maintenant un an que j’ai quitté mon poste de juriste. Je suis fière de mon petit parcours et je prends cette nouvelle aventure comme un défi à relever. Ce défi me demande tous les jours de sortir de ma zone de confort et de ne pas paniquer en observant la situation économique actuelle. Alors le seul conseil que je veux donner est le suivant : si vous souhaitez vous lancer dans l’entreprenariat, soyez bien entouré car cette belle aventure demande beaucoup de sacrifices et de la persévérance.
Au passage, je vous invite à découvrir l’Atelier Cedrus : des kits de couture et de broderie DIY (Do It Yourself) pensés et fabriqués par mes soins.